Burundi Day : 10 ans de métissages
MOLENBAIX – La plus belle réussite du Burundi Day de Molenbaix c’est sans doute d’avoir créé de la cohésion sociale. Là-bas mais aussi ici.
«Quand je viens à la fête de Molenbaix, je vois qu’il y a là des gens de tous âges et de tous horizons: des Wallons, des Flamands, des Africains… Des gens qui, sans cette fête, ne se seraient jamais rencontrés. Mais cette fête a aussi créé de la solidarité et de la cohésion sociale au Burundi, un pays où les relations entre ethnies sont sensibles…»
Quand il parle du Burundi Day, A. Ferdinand Kajuju a du mal à cacher son émotion. «Je ne remercierai jamais assez le Groupe de Solidarité Molenbaisien, nous a-t-il dit ce mardi. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre des gens comme ça! Je suis aussi très touché par la façon dont les choses se passent au Burundi. Ce sont de petites gens qui, aidés par des universitaires, font fonctionner le projet: c’est eux qui le gèrent, qui font les rapports… C’est assez unique au Burundi. L’association Girakazoza réunit aujourd’hui 700 personnes, dont quelque 200 veuves. Lesquelles, dans un pays sans sécurité sociale, ont pu reprendre goût à la vie, grâce au groupe.»
Des chèvres, de l’eau, des pépinières, des potagers…
Le premier Burundi Day a eu lieu en 2004.
De nationalité burundaise, Ferdinand Kajuju était alors vicaire dans l’unité pastorale de Celles. Lors d’une messe célébrée dans le cadre du gymkhana de Molenbaix, il demanda que les bénéfices de la collecte aillent à l’achat de quelques chèvres au profit des 70 000 habitants d’un groupement de quatre communes situées dans le centre du pays.
Le Burundi sortait alors de treize années de guerre civile et de génocide. On imagine l’état des lieux…
L’appel de l’A.Kajuju fut entendu. Non seulement on collecte ce jour-là de quoi acheter 140 chèvres mais aussi, à l’initiative de Daniel Claix, se créa une association – le GSM, comme Groupe de Solidarité Molenbaisien – dans le but de rendre la coopération durable dans le temps.
Après les chèvres, il y eut du matériel informatique, des livres, une adduction d’eau, des pépinières, des potagers…
«Ce sont les Burundais eux-mêmes qui déterminent les projets» se plaît à souligner Ferdinand Kajuju, 48 ans, qui s’apprête à terminer un master en théologie didactique à Louvain-la-Neuve, avant de partir enseigner là où son évêque lui dira d’aller.
« On a réussi quelque chose »
Tous les deux ans environ, F. Kajuju rentre chez lui, dans la région de Gitega/Mbogora, pour se rendre compte de l’évolution des différents projets. «Tout n’est pas rose, bien sûr, mais l’effort est réel, constate-t-il. Dans un pays où la scolarisation est devenue obligatoire, les écoles sont de plus en plus nombreuses. Les enseignants ne gagnent pas beaucoup d’argent mais ce sont des gens corrects. Je vois aussi les fruits de la solidarité molenbaisienne. Cet été, j’ai par exemple pu constater que des femmes se relayaient pour arroser un énorme champ de choux. C’est qu’on a réussi quelque chose. L’action est d’ailleurs citée comme exemple de moteur de développement par les autorités politiques locales. Et c’est le gouverneur provincial qui a offert le terrain sur lequel on va installer la savonnerie financée par les prochains Burundi Days. J’y vois la reconnaissance de la qualité du travail qui a été réalisé.»
Objectif 2013-2014 : créer une savonnerie
MOLENBAIX – Le 10e Burundi Day aura lieu ce dimanche 15 septembre, à partir de 11 h, dans la salle de l’entité de Celles.
C’est la première fois que la manifestation aura lieu en dehors de Molenbaix.
Ce n’est pas parce qu’on fête un anniversaire important qu’on sortira le champagne et les petits fours: «Priorité au projet!» dit Daniel Claix, le président du Groupement de Solidarité Molenbaisienne. [Photo : La solidarité entre Molenbaix et le groupement de quatre communes burundaises est inscrite dans la pierre, durablement.]
Ce sera donc «à la bonne franquette»: apéro, barbecue, animation musicale, «grande tombola du 10e anniversaire», projections, exposition de photos décrivant l’action au Burundi…
L’argent récolté ce dimanche mais aussi tout au long de l’année, via la vente de confitures et de gaufres, ira à la construction d’une savonnerie pour produire du savon de lessive. «Au Burundi, le savon est un produit de luxe, explique F. Kajuju, qui est l’interface entre Molenbaix et sa région natale de Gitega/Mbogora. Or le manque d’hygiène sur les vêtements est la cause de nombreuses maladies. La savonnerie permettra aussi de créer de l’emploi – production, commercialisation – et de développer la culture de l’huile de palme, laquelle est la matière première du savon.»
L’investissement représente une somme d’environ 13 000 €, une somme que l’on espère collecter sur deux ans.
Outre les grands projets, le GSM est aussi actif dans d’autres domaines.
Il encourage ainsi le parrainage d’élèves du collège de Mbogora via le paiement d’un minerval annuel de 100 €. Les filleuls sont rencontrés personnellement par l’abbé Kajuju. Il leur remet l’argent, demande un reçu, les encourage à correspondre avec leurs parrains et marraines belges…
Le GSM est par ailleurs aussi solidaire avec les Molenbaisiens eux-mêmes. Il est par exemple intervenu à l’occasion d’un drame familial.
Source : Descy François, Solidarité entre Molenbaix et quatre communes burundaises, dans Avenir, 12 septembre 2013, en ligne : https://www.lavenir.net/cnt/dmf20130912_00359379 (consulté les 20/10/2019).